LEADERSHIP

Management : 5 leçons issues du sport de haut niveau (1/2)

Laurent MartiniQu’on le veuille ou non, nous vivons dans un monde hautement compétitif et nous ne partons pas tous de la même ligne de départ. Nos aptitudes, notre personnalité, nos études, nos efforts et nos expériences déterminent en partie notre place dans le peloton. Pour tenir la distance, ceux d’entre nous qui ne sont pas partis avec une longueur d’avance n’ont d’autre choix que d’apprendre à se surpasser et à tirer le meilleur d’eux-mêmes au quotidien. Et dans cette recherche permanente de la performance, les managers ont beaucoup à apprendre des coachs sportifs… Alors je ne vais pas baser ma réflexion sur les livres typiques de leadership et de management à la mode, mais bien sur mes lectures des écrits et interviews des plus grands athlètes et coachs de tous les sports confondus. Qui a dit que l’Équipe ne pouvait pas être une source d’inspiration ?

1. S’adapter au changement

Au cours de mes 23 ans de carrière dans le monde du software, la notion de leadership a dû totalement se réinventer afin de mieux correspondre aux attentes des nouvelles générations. Avant cela, avoir un emploi était perçu comme une chance en soi et un moyen de gravir les échelons de la société. On adhérait tout naturellement à l’idée de management et de hiérarchie.

Mais aujourd’hui, les employés veulent que leur travail ait du sens. Je partage totalement cette vision, et c’est d’ailleurs un domaine dans lequel Splunk se distingue au vu de sa place au classement des meilleurs lieux de travail pour les milléniaux. Mais attention, il est important de ne pas oublier la gestion de la performance en chemin...

L’être humain a naturellement tendance à s’installer dans sa zone de contrôle. Si le manager n’entretient pas une culture de l’effort, il risque donc vite d’être relégué au rôle de chief happiness officer et de voir les performances de son équipe perdre du terrain sur celles de ses concurrents. Pour faire un premier parallèle avec le sport, entraîner un athlète comme Rafael Nadal implique d’avoir recours à des méthodes toniques qui l’obligent à sortir sans arrêt de sa zone de confort. Sans cela, il ne progresserait plus. Son oncle et coach Toni Nadal explique que son objectif n’était pas de faire progresser Rafa “tennistiquement” parlant mais de forger son caractère. Pour cela, il s'entraînait avec des balles usées, sur des courts en mauvais état, afin de l’obliger à toujours s’adapter.

D’ailleurs, pour ceux d'entre vous qui veulent en savoir plus sur les entraînements qui ont permis à Nadal de devenir un des meilleurs joueurs de l’histoire du tennis, je vous partage une très bonne présentation de Toni Nadal à TED. qui détaille cette recherche de l’adaptation au changement.

2. Sortir de sa zone de confort

De la même manière, pour progresser (et faire progresser) dans le monde professionnel, il faut savoir prendre des risques. Je pense que mon exemple va vous parler. Alors que j’étais bien établi chez Pure Storage et que je disposais d’une équipe que j’avais presque entièrement recrutée, je me suis senti en contrôle et j’ai naturellement commencé à me relâcher. Splunk est apparu comme un gros risque pour moi, mais un risque essentiel.

Comme le disent les grands sportifs, on ne progresse pas dans sa zone de confort. C’est exactement pour cette raison que les athlètes changent constamment leurs entraînements. Pour aller plus loin, ils doivent se battre au quotidien contre l’appel de leur corps, qui cherche naturellement la voie de moindre résistance. Et c’est la même chose pour le sportif occasionnel. Si vous faites systématiquement le même footing d’une heure, au début, vous allez souffrir, mais votre corps va vite s’habituer et vous ne progresserez plus.

On peut aussi faire ce constat dans le domaine du management. Si vous laissez vos collaborateurs s’enliser dans leur zone de contrôle, ils en viendront rapidement à relâcher leurs efforts. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut les pousser en permanence. Des paliers de décompression peuvent aussi se révéler nécessaires, mais pas plus de quelques mois. Au-delà, les éléments les plus brillants et les plus motivés risquent fort de commencer à s’ennuyer. Il est alors possible que la qualité de leur travail s’en ressente ou qu’ils partent simplement à la recherche de nouveaux défis dans une autre entreprise.

Le paradoxe est que même si l’on sait que ce stress est bénéfique, une fois sortis de notre zone de confort, nous ne cherchons qu’une chose : à y retourner ! Si je reprends mon exemple, lorsque je suis arrivé chez Splunk en tant que GVP EMEA South, j’ai dû combler des lacunes. Du jour au lendemain, il a fallu parler presque exclusivement en anglais, comprendre de nouvelles cultures et s’habituer à collaborer avec de nouvelles personnes. C’était stimulant, mais à cette époque, croyez-bien que j’étais surtout impatient de retrouver mes marques !  

3. Trouver son équilibre

C’est là qu’on voit toute l’importance de l’inconscient. Vous avez beau savoir que cette « souffrance » est essentielle pour progresser, quelque chose vous pousse sans arrêt à retourner dans votre zone de confort. Et c’est aussi un levier considérable pour le manager. Les personnalités les plus compétitives parviennent à repousser d’elles-mêmes leurs limites, mais la plupart des gens ont besoin d’un coach pour les aider à monter la barre petit à petit, tout en ménageant des paliers qui leur permettent de relâcher la pression.

Car on ne peut pas non plus maintenir les gens dans un stress constant. Le corps ne peut pas être sollicité en permanence, et c’est une des fonctions de l’entraîneur ou du manager de trouver le bon équilibre. Ce n’est pas un hasard si les équipes disposent souvent de deux ou trois joueurs pour un même poste, cela permet de tirer le maximum de potentiel de chacun, à tout moment.

J’ai souvent comparé notre fameux “quarters” commerciaux à des matchs, ou bien des événements sportifs, et je me concentre souvent sur la gestion des temps forts et des temps faibles. Qu’est-ce que j’entends par là ?

Les temps forts sont les moments où vous vous sentez physiquement en forme (et croyez moi c’est difficile de l’être 13 semaines d’affilée). Et c’est surtout les moments où vous êtes en contrôle, vous maîtrisez vos dossiers, tout s’aligne comme par magie. Dans ces instants-là, le piège est le relâchement. Comme tout fonctionne, vous commencez à vous relâcher et à prendre des raccourcis. C’est là que les ennuis commencent et le jeu bascule…

Pendant que vous sirotiez vos cafés en “vendant déjà la peau de l’ours”, la compétition a serré le jeu, est repartie de ses basiques et a repris le contrôle du deal.

Et vous voilà dans un temps faible ou vous allez subir le rythme de l’adversaire. La clé dans les temps faibles c’est de se concentrer sur les fondamentaux, reprendre ses bases, relancer la machine par des choses simples en restant concentré sur une exécution militaire pour commencer à faire douter l’adversaire et reprendre le contrôle. Côté physique, c’est le moment de retrouver une bonne hygiène de vie : un bon sommeil, du sport et une alimentation saine.

La suite est à retrouver dans la seconde partie.

Laurent Martini
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Laurent Martini

J'ai travaillé presque toute ma carrière dans l'IT et en particulier pour des technologies américaines. J'ai débuté chez BMC, puis  j'ai suivi un long parcours chez Veritas / Symantec où j'ai eu l'opportunité d'assumer des rôles de direction : Sales Manager, suivi par Sales Director, me permettant d'acquérir des connaissances et de l'expérience, pour après évoluer en tant que Country Manager pour Symantec en gérant une entreprise de 100 M $. J'ai ensuite eu l'opportunité de rejoindre Pure Storage en tant que Directeur Général pour la France lors d'une phase d'hyper croissance où l'activité française est passée de 5 à 54 M $ en 4 ans. Ces années-là m'ont beaucoup appris sur les stratégies à appliquer dans un environnement en croissance rapide.